Jonathan Brun

La hausse des frais de scolarité au QuébecLa hausse des frais de scolarité au Québec

La crise étudiante de 2012 a déjà fait couler beaucoup d’encre, mais je propose néanmoins d’offrir quelques réflexions. Avec l’élection du Parti Québecois, il semble que la crise soit terminée –  enfin, pour le moment. Lors des démonstrations du printemps dernier, j’ai eu de nombreuses discussions avec des personnes des deux côtés du débat. Les arguments avancés étaient sensibles et logiques; financement des universités, juste part vs. accessibilité pour tous les étudiants. Ils n’allaient toutefois pas toujours au fond de la question de la juste valeur de l’éducation supérieure et des priorités d’une société.

J’avoue que je n’ai pas participé aux manifestations, mais je ne soutenais pas non plus la hausse proposée. Je crois que la situation est plus complexe et nuancée que les positions simplistes de l’ancien gouvernement et des associations étudiantes. Selon moi, notre but en tant que société devrait être d’offrir un système d’éducation accessible à tous les jeunes avec des frais de scolarité modulés selon le salaire et le diplôme obtenu.

Il est objectivement vrai que la vie des jeunes finissants universitaires est plus difficile aujourd’hui qu’elle l’était en 1965 ou en 1985. Les emplois sont plus précaires, moins accessibles et moins rémunérés. Le logement coûte beaucoup plus cher, même en tenant compte de l’inflation, et beaucoup de jeunes se demandent comment ils vont faire pour acheter une maison et élever une famille sans s’endetter à vie. Ces craintes et angoisses sont une des grandes sources des manifestations et réclamations des jeunes Québécois et Québécoises (on constate les mêmes craintes dans le mouvement mondial d’Occupons Wall Street en 2012).

Il demeure néanmoins que beaucoup de gouvernements à travers le monde peinent à combler leurs budgets et qu’ils sont nombreux à couper dans les programmes sociaux. Au Québec et ailleurs, les dépenses d’État grimpent sans cesse, dû à un système de santé qui doit servir une population vieillissante et le besoin d’investir dans le renouvellement des infrastructures.

Au Québec, nous avons déjà les impôts les plus élevés en Amérique du Nord et nous venons d’augmenter les taxes de ventes, ce qui affecte particulièrement les personnes de la classe moyenne. Même avec ces efforts, nous sommes une province pauvre. En 2012, le Québec recevra près de 4,4 milliards de dollars en transferts de péréquation. Cette situation ne peut durer, surtout avec un gouvernement fédéral conservateur et les négociations des transferts de péréquation en 2013. Il faut donc absolument trouver des moyens d’améliorer l’efficacité des services publics et de les rendre plus “intelligents”.

Pour résoudre des problèmes de société comme la hausse des frais de scolarité, il faut entamer un dialogue de société. D’une part, on doit mieux comprendre et exposer les états financiers de nos institutions d’enseignement (voir article de Québec Ouvert). D’autre part, les étudiants doivent comprendre qu’il faut modifier le système actuel. Une démocratie qui fonctionne demande l’action constructive des citoyens et du gouvernement. Trop souvent, les citoyens revendiquent sans offrir de travailler à trouver des solutions réalisables. Ce manque de communication oblige le gouvernement à prendre des décisions sans la participation des citoyens concernés, ce qui peut mener à des manifestations comme nous en avons connues.

Le principe qui devrait guider nos discussions à propos des frais de scolarité est simple : garantir l’accessibilité de notre système d’éducation à chaque Québécois et Québécoise. Si nous sommes en accord sur notre but, la question devient alors comment fait-on?

Mon profond désir pour le Québec est que nous devenons une méritocratie. Une société où les personnes peuvent monter et descendre les échelles socioéconomiques selon leurs compétences et éthiques de travail. Pour cela, il est absolument essentiel d’avoir un système d’éducation accessible à tous les citoyens car l’éducation est le meilleur moyen pour égaliser le terrain de jeu entre les couches sociales.

Des études démontrent qu’il y a peu de corrélation entre le coût d’un diplôme universitaire et l’accessibilité, mais beaucoup entre l’accès et la mobilité sociale. Le gel des frais de scolarité proposé par les étudiants est une approche « bulldozeur » où l’on devrait employer un couteau. Pourquoi ne pas augmenter les frais d’un diplôme médical qui coûte beaucoup plus cher à offrir et qui mène à un emploi quasi garanti avec un salaire de 150 000$? Mis à part quelques professions, il est vrai qu’il est impossible de prévoir la valeur d’un diplôme, ce système n’est donc pas simple à implanter. Il s’agit toutefois d’une bonne piste de reflexion.

D’un autre côté, il semble logique que l’on offre la gratuité scolaire pour des bacs en histoire, philosophie et autres domaines qui offrent moins de possibilités d’emploi, mais qui enrichissent la vie des étudiants et la culture générale de notre société. Ces diplômés en histoire et en arts pourront ensuite s’investir dans une formation plus technique telle que la médecine, le droit et l’ingénierie qui proposent de meilleures opportunités d’emploi. L’excellent article du magazine Walrus explique clairement les difficultés démographiques et socio-économiques de notre système d’éducation actuel.

Pour offrir une éducation de qualité à un prix abordable ou nul, il nous faut une économie qui fonctionne. Le mouvement étudiant du printemps 2012 s’est trop mêlé avec des mouvements anticapitalistes et anarchistes en visant le Grand Prix de Montréal, Power Corporation ou les banques. Peu de citoyens de la classe moyenne croient à présent dans une vision anarchiste ou anticapitaliste. Ils sont plutôt de l’opinion que la richesse d’une société provient des entreprises qui emploient des personnes, produisent des produits et paient des impôts. Nos écoles, musées, arts et cultures ont besoin d’un secteur privé fort, responsable et stable. L’inverse est également vrai, les entreprises ont besoin de citoyens et travailleurs bien instruits. Lorsque j’ai traversé la Russie, j’ai souvent entendu la blague que c’est le seul pays où l’on peut embaucher une femme de ménage détenant un doctorat.

Comme vous l’aurez deviné, je n’ai pas de solution magique à proposer à ce problème de société. Je souhaite tout de même proposer quelques idées qui pourraient aider à moderniser nos institutions d’éducation et améliorer leur état fiscal.

1. Gratuité pour certains diplômes

Je propose la gratuité scolaire pour certains diplômes et des hausses des frais de scolarité pour d’autres. Un baccalauréat en histoire n’est pas la même chose qu’un diplôme en médecine. Geler tous les frais pour tous les programmes, comme le propose les associations étudiantes, c’est l’équivalent de mettre le même prix sur tous les produits dans un supermarché. En augmentant les frais de scolarité pour tout le monde, on finit par encourager les personnes à se concentrer dans des professions qui sont rentables. Cela risque de mener à une société sans fond culturel, philosophique et politique — bref, sans profondeur.

À ce sujet, le système australien, que je ne prétends pas connaître en détails, me semble logique. Les frais de scolarité dépendent du salaire après les études. Par exemple, si une personne fait des études en droit et devient avocat en droit des affaires, celle-ci doit payer plus de frais de scolarité qu’un avocat pratiquant en droit social par exemple. En modulant les frais de scolarité selon le salaire après les études, nous communiquerons mieux la valeur d’une éducation tout en garantissant la liberté de choisir ses études sans crainte d’endettement excessif. Cette approche rend le financement du système d’éducation plus intelligent (même le président Obama propose quelque chose de semblable aux États-Unis).

2. Transparence dans les états financiers des universités

Comme l’initiative populaire Québec Ouvert (dont je suis cofondateur) l’a très bien décrit, nous devons augmenter la transparence des finances de nos institutions d’enseignement. Si le public et les étudiants ne peuvent pas facilement analyser les finances, comment peut-on proposer des solutions? Les états financiers, les dépenses et les salaires des employés devraient être rendus publics en format ouvert et numérique. Avec ces informations, les étudiants pourront davantage être en mesure de participer aux grandes décisions et aider dans la gestion de leur université.

3. Diffuser gratuitement le contenu des universités québécoises en ligne

Il faut non seulement moderniser la gestion financière, mais aussi les méthodes d’enseignement. À ma connaissance, il n’y a aucune université québécoise qui diffuse gratuitement les cours sur Internet. Pourtant, des universités américaines telles que MIT et Stanford le font depuis plusieurs années. La diffusion des cours serait un moyen d’offrir plus d’éducation aux Québecois, de faire rayonner nos institutions à l’extérieur du Québec et de valoriser le travail de nos professeurs et chercheurs. On pourrait contribuer à Open CourseWare (OCW) ou à d’autres programmes d’enseignement gratuits en ligne. Des cours tel que Justice à Harvard aide à diffuser la philosophie morale à des millions de personnes à travers le monde et Khan Academy aide les étudiants à l’école secondaire (voir son TED Talk). Cela pourrait également contribuer à augmenter l’intérêt des étudiants à fréquenter l’université et réduire le décrochage scolaire en démontrant ce que les universités ont à offrir.

4. Révolutionner la publication des livres scolaires

Nous pourrions également embarquer dans la libération d’information d’enseignement en rendant les livres de cours gratuits sur Internet à tous les niveaux du système d’éducation. L’industrie du livre d’éducation est déjà très connue pour ses moyens néfastes d’extraire le plus d’argent possible des étudiants (billet en anglais ici et commentaires). Le Québec pourrait devenir un exemple à travers le monde en encourageant nos professeurs à créer ou à collaborer pour offrir des livres libre source sur internet. En travaillant à libérer nos connaissances et les offrir aux autres, les institutions d’enseignement québécoises rayonneront à l’échelle internationale et pourront aider l’enseignement dans des pays francophones en voie de développement. La Californie vient de signer une loi qui permettra la création de livres de cours en format ouvert et qui aidera à réduire les coûts d’enseignement. Et lors d’un Hackathon en Finlande, des professeurs ont créé un livre gratuit en ligne pour leurs étudiants.

Certes ces idées proposées semblent peut être dramatiques et demandent un changement de culture profond, mais je crois que nous pourrons seulement résoudre nos problèmes de société en apportant des changements majeurs. Il faut s’attaquer à la racine de nos problèmes, pas simplement appliquer des pansements temporaires. Nos institutions d’enseignement ont été conçues pour le 20ième siècle sans internet, nous devons les moderniser en tenant compte des possibilité de diffusion de contenu, de partage de responsabilité et de transparence de gestion.

Il n’y a pas de solution facile à ces problèmes, mais il est évident que nous ne pouvons pas continuer sur la voie actuelle. Le gouvernement et les étudiants doivent laisser leurs positions idéologiques derrière eux et changer le paradigme dans lequel notre système d’éducation se trouve. La justice sociale ne se règlera pas cet automne, il est donc essentiel que nous entamions une discussion de profondeur à propos de nos valeurs de société et de nos institutions d’enseignement.

L’article par Clay Shirky à propos de l’éducation en ligne est fortement recomendé.

La crise étudiante de 2012 a déjà fait couler beaucoup d’encre, mais je propose néanmoins d’offrir quelques réflexions. Avec l’élection du Parti Québecois, il semble que la crise soit terminée –  enfin, pour le moment. Lors des démonstrations du printemps dernier, j’ai eu de nombreuses discussions avec des personnes des deux côtés du débat. Les arguments avancés étaient sensibles et logiques; financement des universités, juste part vs. accessibilité pour tous les étudiants. Ils n’allaient toutefois pas toujours au fond de la question de la juste valeur de l’éducation supérieure et des priorités d’une société.

J’avoue que je n’ai pas participé aux manifestations, mais je ne soutenais pas non plus la hausse proposée. Je crois que la situation est plus complexe et nuancée que les positions simplistes de l’ancien gouvernement et des associations étudiantes. Selon moi, notre but en tant que société devrait être d’offrir un système d’éducation accessible à tous les jeunes avec des frais de scolarité modulés selon le salaire et le diplôme obtenu.

Il est objectivement vrai que la vie des jeunes finissants universitaires est plus difficile aujourd’hui qu’elle l’était en 1965 ou en 1985. Les emplois sont plus précaires, moins accessibles et moins rémunérés. Le logement coûte beaucoup plus cher, même en tenant compte de l’inflation, et beaucoup de jeunes se demandent comment ils vont faire pour acheter une maison et élever une famille sans s’endetter à vie. Ces craintes et angoisses sont une des grandes sources des manifestations et réclamations des jeunes Québécois et Québécoises (on constate les mêmes craintes dans le mouvement mondial d’Occupons Wall Street en 2012).

Il demeure néanmoins que beaucoup de gouvernements à travers le monde peinent à combler leurs budgets et qu’ils sont nombreux à couper dans les programmes sociaux. Au Québec et ailleurs, les dépenses d’État grimpent sans cesse, dû à un système de santé qui doit servir une population vieillissante et le besoin d’investir dans le renouvellement des infrastructures.

Au Québec, nous avons déjà les impôts les plus élevés en Amérique du Nord et nous venons d’augmenter les taxes de ventes, ce qui affecte particulièrement les personnes de la classe moyenne. Même avec ces efforts, nous sommes une province pauvre. En 2012, le Québec recevra près de 4,4 milliards de dollars en transferts de péréquation. Cette situation ne peut durer, surtout avec un gouvernement fédéral conservateur et les négociations des transferts de péréquation en 2013. Il faut donc absolument trouver des moyens d’améliorer l’efficacité des services publics et de les rendre plus “intelligents”.

Pour résoudre des problèmes de société comme la hausse des frais de scolarité, il faut entamer un dialogue de société. D’une part, on doit mieux comprendre et exposer les états financiers de nos institutions d’enseignement (voir article de Québec Ouvert). D’autre part, les étudiants doivent comprendre qu’il faut modifier le système actuel. Une démocratie qui fonctionne demande l’action constructive des citoyens et du gouvernement. Trop souvent, les citoyens revendiquent sans offrir de travailler à trouver des solutions réalisables. Ce manque de communication oblige le gouvernement à prendre des décisions sans la participation des citoyens concernés, ce qui peut mener à des manifestations comme nous en avons connues.

Le principe qui devrait guider nos discussions à propos des frais de scolarité est simple : garantir l’accessibilité de notre système d’éducation à chaque Québécois et Québécoise. Si nous sommes en accord sur notre but, la question devient alors comment fait-on?

Mon profond désir pour le Québec est que nous devenons une méritocratie. Une société où les personnes peuvent monter et descendre les échelles socioéconomiques selon leurs compétences et éthiques de travail. Pour cela, il est absolument essentiel d’avoir un système d’éducation accessible à tous les citoyens car l’éducation est le meilleur moyen pour égaliser le terrain de jeu entre les couches sociales.

Des études démontrent qu’il y a peu de corrélation entre le coût d’un diplôme universitaire et l’accessibilité, mais beaucoup entre l’accès et la mobilité sociale. Le gel des frais de scolarité proposé par les étudiants est une approche « bulldozeur » où l’on devrait employer un couteau. Pourquoi ne pas augmenter les frais d’un diplôme médical qui coûte beaucoup plus cher à offrir et qui mène à un emploi quasi garanti avec un salaire de 150 000$? Mis à part quelques professions, il est vrai qu’il est impossible de prévoir la valeur d’un diplôme, ce système n’est donc pas simple à implanter. Il s’agit toutefois d’une bonne piste de reflexion.

D’un autre côté, il semble logique que l’on offre la gratuité scolaire pour des bacs en histoire, philosophie et autres domaines qui offrent moins de possibilités d’emploi, mais qui enrichissent la vie des étudiants et la culture générale de notre société. Ces diplômés en histoire et en arts pourront ensuite s’investir dans une formation plus technique telle que la médecine, le droit et l’ingénierie qui proposent de meilleures opportunités d’emploi. L’excellent article du magazine Walrus explique clairement les difficultés démographiques et socio-économiques de notre système d’éducation actuel.

Pour offrir une éducation de qualité à un prix abordable ou nul, il nous faut une économie qui fonctionne. Le mouvement étudiant du printemps 2012 s’est trop mêlé avec des mouvements anticapitalistes et anarchistes en visant le Grand Prix de Montréal, Power Corporation ou les banques. Peu de citoyens de la classe moyenne croient à présent dans une vision anarchiste ou anticapitaliste. Ils sont plutôt de l’opinion que la richesse d’une société provient des entreprises qui emploient des personnes, produisent des produits et paient des impôts. Nos écoles, musées, arts et cultures ont besoin d’un secteur privé fort, responsable et stable. L’inverse est également vrai, les entreprises ont besoin de citoyens et travailleurs bien instruits. Lorsque j’ai traversé la Russie, j’ai souvent entendu la blague que c’est le seul pays où l’on peut embaucher une femme de ménage détenant un doctorat.

Comme vous l’aurez deviné, je n’ai pas de solution magique à proposer à ce problème de société. Je souhaite tout de même proposer quelques idées qui pourraient aider à moderniser nos institutions d’éducation et améliorer leur état fiscal.

1. Gratuité pour certains diplômes

Je propose la gratuité scolaire pour certains diplômes et des hausses des frais de scolarité pour d’autres. Un baccalauréat en histoire n’est pas la même chose qu’un diplôme en médecine. Geler tous les frais pour tous les programmes, comme le propose les associations étudiantes, c’est l’équivalent de mettre le même prix sur tous les produits dans un supermarché. En augmentant les frais de scolarité pour tout le monde, on finit par encourager les personnes à se concentrer dans des professions qui sont rentables. Cela risque de mener à une société sans fond culturel, philosophique et politique — bref, sans profondeur.

À ce sujet, le système australien, que je ne prétends pas connaître en détails, me semble logique. Les frais de scolarité dépendent du salaire après les études. Par exemple, si une personne fait des études en droit et devient avocat en droit des affaires, celle-ci doit payer plus de frais de scolarité qu’un avocat pratiquant en droit social par exemple. En modulant les frais de scolarité selon le salaire après les études, nous communiquerons mieux la valeur d’une éducation tout en garantissant la liberté de choisir ses études sans crainte d’endettement excessif. Cette approche rend le financement du système d’éducation plus intelligent (même le président Obama propose quelque chose de semblable aux États-Unis).

2. Transparence dans les états financiers des universités

Comme l’initiative populaire Québec Ouvert (dont je suis cofondateur) l’a très bien décrit, nous devons augmenter la transparence des finances de nos institutions d’enseignement. Si le public et les étudiants ne peuvent pas facilement analyser les finances, comment peut-on proposer des solutions? Les états financiers, les dépenses et les salaires des employés devraient être rendus publics en format ouvert et numérique. Avec ces informations, les étudiants pourront davantage être en mesure de participer aux grandes décisions et aider dans la gestion de leur université.

3. Diffuser gratuitement le contenu des universités québécoises en ligne

Il faut non seulement moderniser la gestion financière, mais aussi les méthodes d’enseignement. À ma connaissance, il n’y a aucune université québécoise qui diffuse gratuitement les cours sur Internet. Pourtant, des universités américaines telles que MIT et Stanford le font depuis plusieurs années. La diffusion des cours serait un moyen d’offrir plus d’éducation aux Québecois, de faire rayonner nos institutions à l’extérieur du Québec et de valoriser le travail de nos professeurs et chercheurs. On pourrait contribuer à Open CourseWare (OCW) ou à d’autres programmes d’enseignement gratuits en ligne. Des cours tel que Justice à Harvard aide à diffuser la philosophie morale à des millions de personnes à travers le monde et Khan Academy aide les étudiants à l’école secondaire (voir son TED Talk). Cela pourrait également contribuer à augmenter l’intérêt des étudiants à fréquenter l’université et réduire le décrochage scolaire en démontrant ce que les universités ont à offrir.

4. Révolutionner la publication des livres scolaires

Nous pourrions également embarquer dans la libération d’information d’enseignement en rendant les livres de cours gratuits sur Internet à tous les niveaux du système d’éducation. L’industrie du livre d’éducation est déjà très connue pour ses moyens néfastes d’extraire le plus d’argent possible des étudiants (billet en anglais ici et commentaires). Le Québec pourrait devenir un exemple à travers le monde en encourageant nos professeurs à créer ou à collaborer pour offrir des livres libre source sur internet. En travaillant à libérer nos connaissances et les offrir aux autres, les institutions d’enseignement québécoises rayonneront à l’échelle internationale et pourront aider l’enseignement dans des pays francophones en voie de développement. La Californie vient de signer une loi qui permettra la création de livres de cours en format ouvert et qui aidera à réduire les coûts d’enseignement. Et lors d’un Hackathon en Finlande, des professeurs ont créé un livre gratuit en ligne pour leurs étudiants.

Certes ces idées proposées semblent peut être dramatiques et demandent un changement de culture profond, mais je crois que nous pourrons seulement résoudre nos problèmes de société en apportant des changements majeurs. Il faut s’attaquer à la racine de nos problèmes, pas simplement appliquer des pansements temporaires. Nos institutions d’enseignement ont été conçues pour le 20ième siècle sans internet, nous devons les moderniser en tenant compte des possibilité de diffusion de contenu, de partage de responsabilité et de transparence de gestion.

Il n’y a pas de solution facile à ces problèmes, mais il est évident que nous ne pouvons pas continuer sur la voie actuelle. Le gouvernement et les étudiants doivent laisser leurs positions idéologiques derrière eux et changer le paradigme dans lequel notre système d’éducation se trouve. La justice sociale ne se règlera pas cet automne, il est donc essentiel que nous entamions une discussion de profondeur à propos de nos valeurs de société et de nos institutions d’enseignement.

Published on October 4, 2012